Leiris / Nuits sans nuit

19-20 MARS 1943

Le rêve que je suis en train de faire devient comme un état de vieille qui va cesser. Pris d’un irrésistible sommeil dans le rêve même, je sens que celui-ci est sur le point de s’achever, par une nouvelle plongée dans le néant de l’inconscience et non par un retour à la réalité. Je m’apprête à crier de peur, mais Z… intervient et le malaise prend fin.
Mouvement analogue à celui qui, souvent, tend à m’arracher de tels cris à la limite de l’éveil. Mais, en l’occurrence, ce mouvement était singulièrement plus angoissant car, au lieu de subir durant un temps qui ne saurait s’évaluer les affres d’une émersion difficile, je quittais le rêve en quelque sorte par en bas, pour m’enfoncer dans un sommeil dont je ne sortirais plus et qui serait la mort.