Gracq / « Autour des septs collines »

 

L’Aventin

J’aurais aimé avoir le temps de retourné sur l’Aventin, d’y flâner longuement, d’explorer ses rues une à une, en prenant pour point de départ la magique petite place de Piranèse, et le portail de son prieuré de Malte au trou de serrure emblématique en forme d’oeil. Quartier secret et vert, aéré, plein de silence, où il semble toujours en effet qu’un oeil vous suive sans qu’on le voie au long des rues feuillues, et qui paraît défendu plus que les autres contre le promeneur. C’est derrière les murs qui enclosent la rue Sainte-Sabine, et qui doivent cacher les jardins de couvents, autour de Saint-Alexis, que j’aurais cherché les mystères de Rome, qui par nature n’en a pas tant puisque (le Vatican bien sûr mis à part) tous ses viscères nobles mis à l’air, elle est la seule ville au monde qui ressemble à une autopsie.

[Julien Gracq, Autour des septs collines, Josè Corti]

Gracq / Autour des septs collines

L’ église, omniprésente à Rome …

Reposoirs d’art, à dominante mystique, mais plus d’une fois aussi marqués d’une forte coloration sensuelle et même érotique, comme à Santa Maria della Vittoria, elles donnent le sentiment à Rome – depuis les mosaïques frigides et roides des anciennes basiliques jusqu’aux boudoirs du Bernin et de Borromini – de s’être, par un mouvement lent et irrésistible, ouverte peu  à peu, toute portes battantes, aux rêves quotidien qui montent de la rue comme aux caprices changeant du désir et de l’immagination.

 

[Julien Gracq, Autour des septs collines, José Corti]