L’Aventin
J’aurais aimé avoir le temps de retourné sur l’Aventin, d’y flâner longuement, d’explorer ses rues une à une, en prenant pour point de départ la magique petite place de Piranèse, et le portail de son prieuré de Malte au trou de serrure emblématique en forme d’oeil. Quartier secret et vert, aéré, plein de silence, où il semble toujours en effet qu’un oeil vous suive sans qu’on le voie au long des rues feuillues, et qui paraît défendu plus que les autres contre le promeneur. C’est derrière les murs qui enclosent la rue Sainte-Sabine, et qui doivent cacher les jardins de couvents, autour de Saint-Alexis, que j’aurais cherché les mystères de Rome, qui par nature n’en a pas tant puisque (le Vatican bien sûr mis à part) tous ses viscères nobles mis à l’air, elle est la seule ville au monde qui ressemble à une autopsie.
[Julien Gracq, Autour des septs collines, Josè Corti]