ALTHUSSER | LETTRES À HÉLÈNE

IMEC_ALTHUSSER

 

« J’ai un gros papillon de nuit sur mon papier : il m’invite au sommeil ».

« … et j’entends à un tournant de route, venant de derrière les arbres, un grand murmure farouche : la mer ».

« … le feu râle et nous vivons, mais le feu n’en sait rien, Pascal l’eût dit, le feu meurt et nous brûlons… »

« … et on se verrait riant dans les yeux, et on verrait le rire de près dans les yeux, de si près que nos lèvres riraient ensemble, à se toucher, se toucheraient sans cesser de rire, se reconnaîtraient dans leur silence tout nu… »

« Je suis rompu, tout à l’effort physique, une sorte de chaleur et de paresse biologique… »

« … car c’est pas l’inconscient qui souffre, au contraire il jouit de cette souffrance. L’inconscient, on peut dire au contraire qu’il souffre quand on est heureux, et il n’a de cesse que de guetter sa revanche… ».

« Ainsi, me voilà prisonnier de moi, dans cette chambre sans personne, où je ne tente que de dormir, et où il faudra bien que je tente un peu plus (lire) pour tenter de survivre ».

« A propos “poisson soluble dans l’eau” (Breton, Eluard ?) formule que je rapproche de Mao “être dans le peuple comme un poisson dans l’eau’” ».

 
(Louis Althusser, Lettres à Hélène, Grasset/IMEC, 2011)

 

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http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=1178

ALTHUSSER / LUCREZIO

… che quando gli atomi cadono,
portati in giù dal loro peso, verticalmente nel vuoto,
in un momento e luogo indeterminati, deviano un po’ dal cammino,
quel tanto che puoi chiamare modifica del movimento.
Perché se non deviassero, tutti cadrebbero verso il basso,
come gocce di pioggia, nel vuoto profondo,
né sarebbe nata collisione, né urto si sarebbe prodotto
tra gli atomi: così la natura non avrebbe creato mai nulla.

[Tito Lucrezio Caro, De rerum natura, Libro II, vv. 218-226]

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Il testo di Lucrezio è sufficientemente chiaro per designare ciò che nulla al mondo può designare e che tuttavia è l’origine di ogni mondo. Nel “nulla” della deviazione ha luogo l’incontro tra un atomo ed un altro e questo evento [événement] diventa avvenimento [avènement] sotto la condizione del parallelismo degli atomi, giacché è questo parallelismo che, violato un’unica volta, provoca la gigantesca carambola e lo scontro degli atomi in numero infinito da cui nasce un mondo (questo o un altro: da qui la pluralità dei mondi possibili e il radicamento del concetto di possibilità nel concetto di disordine originario).

[Louis Althusser, Sul materialismo aleatorio]