Michel Déguy | Ghérasim Luca

Tout Polyphonix échoua down town
aux portes de la veuve de Max Ernst
« The party is over » Il fallait remonter
Mais à New York Gherassim Luca perdait l’orientation
Nous primes un express tardif et ressortîmes
où il ne fallait pas, 125e et Fifth, à peu près
« On de dark side you are » dit le taxi portoricain
A deux heures un dernier bar open on Amsterdam
mais rien que du Bourbon et des nuts
Et à trois heures Gherassim ne savait toujours pas
de quel collège de Columbia il était l’hôte
J’ai un portrait de lui polaroid contre la grille du Réservoir
un large chapeau noir éclaire son sourire souriant

« J’écris avec un crayon rouge de la Bodleian Library
Acheté en même temps que la carte postale
Aussitôt envoyée à Jacques Derrida »

[…]

[Michel Déguy, da « Brevets », 1986]

*

In occasione dei festivals “Polyphonix”, il nome di Luca figurava, sul versante italiano, vicino ai nomi di Nanni Balestrini, Corrado Costa, Adriano Spatola. https://anfratture.wordpress.com/2012/09/17/gherasim-luca-yannick-torlini/

MICHEL DEGUY / Donnant Donnant

Phases

Ce bal assez paisible où les arbres ont costume d’arbre et un tapis de terre est jeté sur le centre où les morts mêmes ne peuvent parvenir mangeurs de cailloux et les ongles révulsés contre la porte impraticalble et où le voile d’herbes et d’air, de laines et de couleurs et de trompeuse tranparence d’eau prend l’homme au corps et jusqu’au masque dur des machoires et monte jusqu’aux yeux

                                                                seuls
                                                                où un peu de nudité parfois tressaille
*
Fasi 

Questa calma danza dove gli alberi hanno parvenza d’albero e un tappeto di terra buttato nel mezzo dove anche i morti non possono apparire mangiatori di sassi e unghie deformate contro la porta impraticabile e dove il velo d’erba e d’aria, di lana e colori e ingannevole trasparenza acquatica afferra il corpo dell’uomo e fino alla dura maschera delle mascelle e sale fino agli occhi

                                                                i soli
                                                                dove un pò di nudità talvolta sussulta
*
Ethica

Avez-vous ouï du Christ qui nous quittait à Emmaus ? Vos yeux absents sont percés de couteaux

Ce quelque chose d’inquiétant dont seul me protège le seul inusable amour (de Janissaires désertaient par amours des enfants) et je voudrais aussi que ce fut par toi tes dents tes genoux tes oreilles posées à la fin Car c’est muette comme un verger que l’homme t’approche Je cherche et que le geste de donner ne soit plus la ruse de l’orgueil

Avete udito del Cristo che ci ha lasciato a Emmaus? I vostri occhi assenti trafitti da coltelli

Questa cosa inquietante da cui solo mi protegge il solo inconsumabile amore, ( Giannizzeri disertavano per amore dei bambini) e io vorrei anche che fosse attraverso te i tuoi denti i tuoi ginocchi i tuoi orecchi infine pacati Perché è muta come un frutteto che l’uomo ti avvicina Io cerco e che il gesto di dare non sia più l’astuzia dell’orgoglio

Michel Déguy, Donnant Donnant (Poèmes 1960-1980), Poésie / Gallimard

trad. alfredo riponi